Où j'en suis Reflexions

Rites funéraires

De parler de rites funéraires peut sûrement vous troubler ou me trouver obscure mais rassurez-vous, je vais très bien. Le but de mes écrits est d’apporter une réflexion sur des sujets, non des controverses ! Et quand bien même qui en auraient ?!

Jadis

Longtemps, j’ai cru que les rites funéraires étaient complètement inutiles. À quoi servait de rendre hommage au défunt qui de plus, était absent de corps, vivant. Je trouvais inadéquat et à la limite ridicule d’être devant un corps sans vie et de lui parler. De dire qu’il était donc ben beau et bien arrangé. Ces expressions : beau, bien arrangé, qu’il se ressemble, ça, c’est lugubre. C’est comme dire que de son vivant, il avait l’air d’un cadavre. Appelons un chat, un chat !

Mais pourquoi je parlais de même ? Pas par effronterie, non. C’est juste que je me disais que la personne n’étant plus dans son corps, c’est un cadavre. Je sais, beaucoup plus facile à dire quand ça ne nous touche pas vraiment. Mais, en réalité, j’ai toujours eu la capacité, vous pouvez dire aussi pouvoir mais je trouve ce mot un peu prétentieux, de voir au delà de. De voir l’âme, le fantôme, l’énergie, utilisez le mot qui vous plait, des défunts mais aussi des vivants en ce qui est de l’âme et énergie. Je ne crois pas au fantôme, surtout vivant !

Considérant que le corps astral n’est plus dans le corps, pourquoi lui parler ? Pour qui, ces rites sont-ils vraiment nécessaires ?

Grand-père

Mon grand-père paternel a pas mal été le premier auquel j’ai assisté aux rites funéraires. Je trouvais justement lugubre le salon funéraire. Tout ces gens entassés les uns sur les autres. Pratiquement tous des inconnus pour moi. Des gens pleuraient, d’autres riaient même, pas du défunt. Je regardais le corps inanimé de mon grand-père dans son cercueil, de loin évidemment, et je m’attendais à tous instants qu’il se lève s’écriant : «Chu même pas mort». Quelqu’un de sa famille, nouvelle famille, me dit qu’il était là, que je pouvais toucher le corps et lui parler. Je l’ai regardé, éberluée. J’ai croisé le regard de ma mère qui me disait de me taire. Eh oui, j’allais expliquer à cette dame, qu’elle ne l’avait peut-être pas encore remarqué mais que mon grand-père n’était plus dans ce corps. Malgré tout, qu’il était bel et bien présent dans la pièce, qu’il évoluait même entre les convives. La dame en question, étant une fervente religieuse m’aurait asséné d’un coup de sermon bien senti ou convoquer un prêtre pour un exorcisme.

Je me suis donc assise sagement, regardant les gens parler au corps alors que je voyais très bien l’énergie de mon grand-père, ailleurs. Puis, je me disais que si les gens savaient, ils seraient probablement moins perdus.

Important ou non

J’ai assisté par la suite à des funérailles, en haie d’honneur. Chaque fois, je trouvais les gens hypocrites, pas tous évidemment. Vous savez, ceux et celles qui se pointent, ni d’Ève ni d’Adam, pleurent à chaudes larmes le disparu. Comme si, ils étaient payés pour le faire. Les gens qui vantent les mérites du défunt, sachant très bien qu’ils ne pouvaient pas le sentir de son vivant ou pire, ne le connaissait même pas. Tout ceci me confirmait l’hypocrisie de ces rites.

Je ne voulais pas de funérailles. Pour moi, je meurs, on me brûle et on disperse les cendres, point à la ligne. Surtout, dans cet ordre. Mais, au fil du temps, comme tout dans la vie, on apprend ! On évolue et on comprends, enfin, ce que l’on peut.

Pourquoi faire ces rites ?

Quelle est la nécessité d’effectuer ces funérailles ? Pour le deuil. Pour apprendre à accepter cette séparation de corps. De ne plus pouvoir sentir le réconfort des câlins, d’entendre les mots et le rire de l’être tant aimé.

Une éducatrice m’a expliqué l’importance de voir le corps dans le cercueil ou la urne funéraire pour l’esprit des survivants. C’est le processus qui nous amène à accepter, même si nous ne sommes pas d’accord, le décès d’un être cher.

En fait, les rites funéraires ne sont pas pour le défunt mais bel et bien pour les vivants de ce monde. Ce sont eux qui doivent gérer leurs émotions au quotidien. Il est clair que le défunt en a pas besoin sauf si vous croyez aux limbes, au fil d’argent cassé, mais encore.

Sans rites, que se passe-t-il ?

Non seulement, nous devons absorber le choc du départ d’un être cher mais, sans aucun rite, nous sommes perdus. C’est comme si on naviguait sans carte, sans GPS en pleine tempête. Naturellement, nous vivons des accalmies mais la peur de perdre le nord encore est si présent dans notre esprit et en notre cœur.

C’est comme si on quittait une rencontre sans dire bye. Ou encore, sortir sans payer. Tout ces mots, cette culpabilité de ne pas avoir tout dit. Il manque une étape pour effectuer ce processus de transition. Nous ne sommes pas dans l’incapacité de poursuivre notre vie, le déroulement de l’acceptation est simplement plus long et parfois même, compliqué mais surtout très émotionnel.

Nous cherchons des explications. Un besoin de rationnaliser ce que nous vivons pour ne perdre pied devient essentiel. Mais tel la vague qui déferle sur l’océan, qui frappe de plein fouet le rocher, nous sommes en pleine dérive sans aucun phare.

Un dernier aurevoir

D’avoir la chance, de dire le dernier aurevoir lors des rites funéraires, nous permets d’avancer. De rencontrer d’autres personnes qui vivent la même blessure, nous donne du réconfort. Nous sommes plus seuls. De pouvoir verbaliser l’importance de notre perte, nous aide à cheminer.

Même, si les rites ne sont pas religieux, ils nous permettent d’exprimer la douleur de cette perte, ce vide que laisse le défunt dans notre cœur. En discutant avec les autres d’événements vécus consolident ces doux souvenirs.

Même si

Peu importe la relation que vous entretenez avec la personne décédée, les rites funéraires nous permettent de faire un pas de plus dans le deuil que nous traversons. Ils nous permettent d’évacuer le trop plein d’émotions, qu’elles soient positives ou négatives. Ainsi, nous pouvons conserver les meilleurs souvenirs et, laisser disparaître les rancœurs. Pardonner, c’est avant tout s’offrir la paix de l’esprit et de notre cœur.

Rappelez-vous que l’âme, n’a plus ce côté de bien ou de mal. L’âme de l’absent, est tout à fait neutre et ne vous en voudra pas peu importe ce que vous direz à haute voix ou dans un souffle. L’importance d’effectuer ces rites, est de nous libérer de la douleur causée par la perte de ce membre de notre clan ou encore, par lui lors de son vivant.

En conclusion, je suis donc passée de la personne qui ne veut rien savoir pour son décès à celle qui pense à ceux qui vont rester. J’ai laissé mes instructions post-mortem et savez-vous quoi ? Même si ce n’est pas respecté à la lettre, je ne viendrai pas hanter personne.

Renée L’Abbé
6 avril 2022