Dès le premier regard échangé, l’analyse s’est amorcée de façon tout à fait inconsciente.  Lorsque je porte mon regard sur l’autre, je cueille le maximum d’informations dans le seul but de les décortiquer, une à une, pour découvrir l’autre.

Tous mes sens

Lorsque je me retrouve seule, je me mets à regarder avec minutie chaque détail enregistré par mon cerveau. Je vois des images, des photos, des détails, une mémoire «photographique», c’est moi.   Il me revient alors des bribes de conversations, d’informations que je mets sur ma balance du possible ou de l’impossible.  Une parole, un geste, l’intonation de la voix, tout devient alors d’une importance capitale pour accepter d’entrer ou non dans cette nouvelle relation, qu’elle soit amicale ou amoureuse.

Duel

Pendant cette phase, aucune émotion, l’analyse est cartésienne.  La tête prime.  Le cœur est en attente de.

Je dois prendre conscience que cette cueillette d’informations est peut-être faussée par la vision de la vie créée par mes relations antérieures, par mes craintes, mes peurs, mes angoisses.

Je me crois rationnelle, le suis-je vraiment ?

La conscience

Une étincelle. Des mots passionnés. Une émotion se pointe.  À cet instant, le cœur reprend sa place et la tête seconde.

Vient l’instant des papillons dans le ventre, des yeux brillants, le souffle court et des battements manquants.  L’esprit vacille au rythme effréné de ce cœur.  Tremblements intérieurs.  Une vague qui déferle et emporte le sombre côté de la rationalité.  Chamboulement. Désirs qui prennent la réalité à bras le corps pour faire jaillir ce tumulte d’émotions de bonheurs et de joies.

Enfin ! La libération !

Malgré tout, une crainte subsiste.  Est-ce le bon choix ? La tête veut reprendre le contrôle.

Je hurle : Lâche prise !

Créer des souvenirs

Vit ! Cesse de vouloir comprendre la mécanique interrelationnelle entre deux entités qui ne demandent qu’à s’épanouir dans ce moment présent, si merveilleux et si vivant ! Arrête ton analyse !

Vit ! Chaque minute de cet instant, fais-en un souvenir agréable pour tes vieux jours !

Ainsi, lorsque je serai vieille et que mon cœur se fatiguera, ma tête sera enfin pleine, pleine à craquer d’images, de photos, de détails, de bribes de conversations, d’informations mais surtout d’émotions parce que j’aurai vécue, ma vie, la mienne, selon mon cœur et ses désirs.

Renée L’Abbé
3 juillet 2011