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La Chasse


Au lieu de La Chasse, j’’aurais pu intituler mon article « La Pêche ».  Ne dit-on pas après une séparation : « Ne t’en fais pas, y’a d’autres poissons dans l’océan ».  Je vais être très franche avec vous, je suis la pire pêcheuse que l’on peut trouver. Vous chercher un truc perdu dans le fond de l’eau ? Amenez-moi, je vais le trouver ! J’attrape les troncs d’arbre morts, le fond, des roches et j’y laisse bien sûr l’appât sans parler d’une prise mémorable : une vieille cruche de javex. Mais la chasse… je suis silencieuse, précise et je peux débusquer à peu près n’importe quelle proie.  Bien sûr, il ne me manque que la patience, chère patience !

Préparer sa chasse

Un chasseur se prépare plusieurs mois à l’avance : le camp, attirer les bêtes, le spot ! Il est sûr de lui !  Tout se doit être parfait avant de partir afin de maximiser ses chances d’avoir le gros lot.  Mais, on doit avouer, que toute bonne chasse a sa part de chance.  Même si on désire attraper un jeune mâle pour sa viande tendre, un peut trouver un vieux mâle avec beaucoup de panache ou encore, revenir bredouille.  Mais le pire, c’est de voir la bête sous notre nez sans pouvoir l’avoir car on n’a tout simplement pas le droit à celle qui passe. Parlons d’une autre chasse, voulez-vous ?

Je ne m’en rends même pas compte et vlan ! Je suis prête ! Aucune idée comment ça se fait ! J’en suis tout simplement rendue là.

En tant que femme, j’ai dû me réapproprier de mon corps afin d’acquérir cette assurance. (Voir l’article « Se réapproprier de son corps »). On se réveille un bon matin et on « fit » dans notre peau, dans notre tête. À partir de ce moment, TOUT nous semble plus beau, plus accessible et possible. Maintenant, il est possible pour moi d’aller à la plage et de porter ce bikini sans aucun complexe.  Quand je dis aucun, je le pense vraiment. Être complexée, je sais de quoi je parle, je l’ai été la majorité de ma vie et j’ai perdu un temps fou à vouloir être autre chose que moi ou simplement d’être bien dans mon corps.  Mon estime, je l’ai durement travaillé, je l’ai obtenu petit à petit mais sûrement.

Cette assurance transparait maintenant dans mon regard, ma démarche, ma gestuelle.  Et ce, bien avant que j’en prenne réellement conscience.

Ma chasse

Honnêtement, je me sens prête pour partir à la chasse mais pas pour revenir bredouille. Eh oui, j’avoue, j’ai simplement PEUR.  Peur du rejet, peur du non.  Cette vieille blessure est difficile à cicatriser, la vie fait également en sorte qu’elle s’ouvre parfois de nouveau, vive et laisse un goût amer en bouche, un goût métallique.

Le défi de vivre m’amène à surpasser cet arrière goût et de faire place à l’excitation de sentir la vie reprendre son cours, de renaître. D’être à l’affut.

Mais malheureusement, encore en 2011, les hommes ne sont pas encore prêts à laisser leur place de prédateur…

Prédatrice ou proie? 

Vous devinerez rapidement quel choix est le mien.  Je suis inconfortable quand je suis dans la mire, quand je suis la proie et surtout, avec un chasseur maladroit, le seul mot qui me vient alors en tête est « RUN ».

Alors, pourquoi ai-je peur d’être la proie ? Facile ! Le contrôle.  J’aime contrôler ma vie, pas les autres, loin de là.  Lorsque je deviens la proie, je sens le contrôle s’échapper de mes mains et la panique s’empare de moi à la vitesse G.  Aurais-je trop peur d’y laisser ma peau ? Je me questionne sérieusement par ce goût de tout mettre en plan, d’arrêter.  Pourquoi cette crainte ?

Le mauvais

C’est surtout le mauvais chasseur dont je crains le plus l’existence. Vous savez, celui qui arrive avec ses grosses bottines et qui t’explique tout de go sa vision idyllique d’un couple et dont tu dois adhérer sans rechigner… celui qui vous envahie, vous étouffe lentement et sûrement… veut vous changer… il veut vous coller dans sa vie sans tenir compte du fait que vous en avez déjà une… le dépendant, le contrôlant, le fatiguant, celui qui veut TOUT fusionner…

À cette simple pensée de fusion, dites-moi que vous n’avez pas peur ? Dites-moi, qu’au plus profond de votre poitrine, aucun serrement, aucun souffle court ?  Dites-moi que vous n’avez aucune crainte de perdre votre indépendance, votre autonomie de décision ? Honnêtement !!

Mais le pire chasseur

Celui qui blesse… de profondes plaies et parfois, laisse sa proie à l’agonie, sans aucune pitié.  Ou encore, celui qui veut garder la proie à porter de main, à vue, au cas où la prochaine proie serait inaccessible.

Je peux affirmer avec certitude que le chasseur qui voudra m’attraper… devra être patient, astucieux, persévérant et aura intérêts d’avoir plus d’une corde à son arc ! Ceci n’étant pas une menace mais bel et bien une promesse.

Puis-je être la proie ?

Non, je ne crois pas… je n’ai pas encore rencontré le bon archer ! À moins que…

Renée L’Abbé
3 juillet 2011