Expérience de vie Où j'en suis

THE machine

Mon professeur de biologie, madame Vézina, nous avait dit : « Le corps humain est la plus belle machine qui existe sur la terre ».  Je l’ai cru.  Je la crois encore.

Il est certain que le fonctionnement du corps humain a été conçu pour tout mettre en œuvre la survie.  Que l’on pense qu’à l’ossature qui nous maintient debout, mais pas sans les muscles, les nerfs etc., sert également à protéger les organes vitaux tant par le bassin, la cage thoracique que le crâne.  Si les organes vitaux sont en danger, le cerveau fera tout ce qui est en son possible pour les préserver; que l’on pense au froid, pour maintenir la chaleur des organes vitaux, il ordonnera au corps de restreindre au minimum l’apport du flux d’énergie dans les membres périphériques.  Tout a été bien pensé.

Pour ce qui est de sa maintenance.  C’est à notre esprit d’en avoir la responsabilité.  Par maintenance, je parle de nutrition, d’exercice, de la gestion du stress autant que lui prodiguer les soins nécessaires.

Bien sûr, il y a et aura toujours des éléments extérieurs qui viendront interférer dans le bon fonctionnement de la machine, soit un accident ou une maladie.

Mais, il y a avant tout, notre façon de percevoir notre corps et d’en prendre soin.  Maintenant, je vous parle de ma machine et de son entretien.  Je ne parle pas de ce que vous devriez faire, je ne suis pas spécialiste en la matière, n’étant ni médecin ni entraineur ou autre.  Ce que je fais, pour moi, pour ma machine avec mon gros bon sens.

Pendant plusieurs années, en fait pendant toute ma vingtaine, j’ai été malade, failli mourir au moins 2 fois.  J’ai entrepris à différentes périodes de ma vie des entraînements afin de remettre mon corps, ma machine en meilleur état avec les cicatrices que la vie m’avait léguées.  J’ai eu de nombreuses rechutes puisque je passais de l’état de privation totale par des diètes plus que sévères à l’abandon total du « je m’en foutisme ». 

Mon corps a donc subi des privations extrêmes, surtout à mes 32 ans, diète sévère au point tel que mon dîner consistait à 3 onces de fromage maigre et 10 raisins.  Et… je marchais 40 minutes pour l’aller-retour du dîner.  Sans compter les fois, où par malheur j’avais mangé un petit morceau de tarte au sucre, j’allais faire 2 heures de vélo de montagne dans la bouette, question de dépenser les calories.  Ensuite, au bout de 10 ou 11 mois, retomber dans l’abondance de nourriture comme une Biafra en manque total.  Problème de nutrition ? Oui ! Je le sais.  Ma famille aussi.  Et mes amies.

Alors, après ma séparation, j’ai commencé à perdre du poids.  Mon entourage était inquiet. Bien sûr que je ne mangeais presque plus ! Mon cœur était brisé, mon univers écroulé alors, me nourrir était le dernier de mes soucis mais également, inconsciemment, je devais penser que mon corps ne méritait pas d’avoir du bonheur.  Mode privation.  Durée : 3 mois.

Après ma reconstruction intérieure et l’acquisition de ma vie, de mes repères, j’étais en mesure de reprendre le contrôle de mon corps.  J’ai donc décidé, de me nourrir convenablement et d’incorporer la marche à tous les jours.  Graduellement, l’exercice s’est greffé à ma vie, à mon corps, à ma pensée.  Il est maintenant inconcevable de ma part de penser de cesser de bouger, de m’entrainer, de danser.  Mais ! Mais, je nourris ma machine adéquatement, jamais de moment de faiblesse par manque d’énergie, c’est-à-dire d’apport calorique.  Afin de ne pas traverser la ligne dangereuse, celle que l’on mesure ce que l’on mange, que l’on se prive parce que c’est « engraissant », je me suis donné comme objectif qu’aucun aliment n’est interdit.

Dès l’instant où un aliment est interdit, nous avons le goût d’en manger ou d’en boire.  Ça peut même devenir une obsession.  Combien de fois que j’entends : « Ce soir, je mange une poutine, ça fait des mois que j’y pense et que j’en rêve ».  Le fait de ne pas avoir de sac de chips par peur d’en manger, c’est certain que la journée que vous en avez un, vous passez au travers dans la même soirée.

Je mange ce que je veux, quand je veux. Aucune restriction. Aucun interdit.  Tout est permis, avec modération.  L’aliment étant permis, est moins tentant.  J’en mange un peu et je suis contentée.  Et parfois, je le trouve même moins bon qu’avant, vous savez, le petit gâteau au caramel, maintenant, si j’en mange un (je dis bien si), ça goûte la graisse végétale, trop sucré, le chocolat goûte la cire et… pas si bon que ça finalement.

Le principe du maintient du poids est de dépenser les calories consommées.  Si on veut perdre du poids, il faut dépenser plus de calories que celles consommées.  Je n’ai pas dit de diminuer les calories consommées. Peut-être faire un peu de ménage dans les aliments consommés, si ça vous tente.  Je l’ai fais.  Je consomme des aliments dont la liste des ingrédients est prononçable et que je n’ai pas besoin de mon amie technicienne en chimie-biologie pour les comprendre. 

Aucune vinaigrette pré-faite.  Je fais les miennes et ça me prend à peine 5 minutes.  Rien de chimique.  Sauf la levure.  Je fais mon pain quand j’ai le temps, sinon, je l’achète à la boulangerie, une gâterie de la vie.  Je vais vous avouer qu’il m’arrive de manger de la nourriture « rapide » mais, je trouve que ça goûte rien et j’ai tellement de difficulté à digérer, j’en ai même des maux de tête.  Alors, j’évite le plus possible d’en consommer.  Des aliments de qualité, sain, en portion modérée qui me rassasie, pas question d’être affamée.  Aucune privation.

Pour l’exercice, la dépense calorique, j’en fais à tous les jours.  Je marche pour aller travailler.  De mois en mois, j’augmente la cadence, puis le trajet.  Je pratique un nouveau sport tel que le Zumba.  Je bouge, j’ai du plaisir.  C’est ce qui est important.  Trouver l’exercice dans lequel on se sent bien.  Plus je bouge, plus j’ai le goût de bouger, d’essayer de nouveaux sports.  Je me lance de nouveaux défis, tel que l’escalade malgré mon vertige, je prépare un entraînement, le suit du mieux que je peux.  Si je saute une journée, ce n’est pas grave, je ne vais pas aux olympiques.  Je le fais pour moi et personne d’autre.

Dès que je sens des tensions ou douleurs, je vais voir ma massothérapeute ou ma chiropraticienne.  Je me sens stressée à l’intérieur malgré une marche en écoutant de la musique, je fais de la méditation afin de retrouver mon équilibre, de me recentrer.

Parfois, l’entraînement est plus difficile, surtout un nouveau, comme les « pushups ».  J’ai eu, et parfois j’ai encore mal à mon poumon droit, blessé et endommagé par les cicatrices laissées par les embolies pulmonaires.  Alors, ce nouvel exercice sollicite également les muscles de la cage thoracique me cause parfois de l’inconfort voir des douleurs.  Mon corps me parle et je l’écoute, je ralentis le rythme pour lui permettre de récupérer.

Je n’ai pas le plus beau corps, il a du vécu, blessé plusieurs fois mais, c’est mon corps, ma machine et j’en prends soin, je lui donne le meilleur afin de lui permettre de bien vieillir parce que, veut ou veut pas, nous allons vieillir ensemble, esprit et le corps, main dans la main.

Je l’aime ma machine malgré ces petits bugs, parfois elle grince, craque mais, c’est la mienne, j’aime sa structure et, j’ai fait tout de même une belle job de body.  Suffit de continuer à apprécier et d’y faire attention.  La marque ? Aucune importance.  Sa valeur ? Inestimable, impossible à chiffrer.  Son carburant ? La vie, la passion, l’amour de soi.

Destination ? Pas d’importance, c’est le voyage qui est précieux.

Renée L’Abbé
25 novembre 2011