Expérience de vie

Homme et femme

Il y a plus de 3 ans. J’ai mal, je pleure.  Je suis désespérée. Mon homme entre dans la maison.  Il me voit en larmes.  Inquiet, il me demande ce qui se passe.  Entre deux cent sanglots, je lui explique sommairement ma détresse.  Aussitôt dit, il se met à la recherche d’une solution pour régler mon problème.  Alors, je lui dis : « Non ! Je ne veux pas de ta solution, ce que je veux, c’est que tu me prennes dans tes bras et me disent que tout va bien aller ».  C’est ce qu’il fit.  Je fus heureuse malgré ma peine.

Le cerveau

Pendant mes études sur le développement et le fonctionnement du cerveau humain, j’ai compris que le cerveau de l’homme et de la femme ne fonctionnait pas tout à fait de la même façon.  En état de crise, habituellement, l’homme est dans l’action, il recherche une solution logique au problème existant; la femme est dans l’émotion, elle recherche du réconfort avant tout, de la compréhension et de la sécurité.

Dès l’instant où l’on comprend que l’homme et la femme ne pensent pas de la même façon, ne réagissent pas de la même façon face à une situation, on ne se crée pas d’attente inutile.  Ni l’homme ni la femme ne sont meilleurs l’un que l’autre.  Nous sommes différents et égaux.  Je ne dis pas que la femme n’est pas en mesure d’être, elle-aussi, dans l’action parce que je le suis fréquemment, je m’amuse à dire que j’ai un côté masculin prononcé probablement que je suis dotée d’un XXY ou YXX, comme vous voulez.

Mais, j’ai également un côté qui plonge dans l’émotion à 200 %, ici je dirais que j’ai gagné un X supplémentaire à mon code (je ne l’écris pas, le résultat pourrait porter à confusion).  L’homme aussi est dans l’émotion, avec un code XYX ou encore plus dans l’action avec un XYY.  Et d’être un XYX ne fait pas de lui un faible ou un sensible dans le sens péjoratif; ni un XYY d’un macho suffisant.

Communiquer

Ce qui m’amène à dire que si on ne communique pas notre besoin à l’homme qui partage notre vie, comment voulez-vous qu’il comprenne ?  Nous pensons différemment et espérons que le conjoint comprenne sans qu’on ne dise mot, parce qu’il nous aime.  Son amour pour nous ne fait pas de lui un devin!  Lorsque le conjoint ne réagit pas comme vous le désirez, il se pourrait qu’il n’ait pas compris simplement.  Il suffit de quelques mots pour dissiper un malentendu, tout simple qui pourrait facilement devenir le grand canyon !

Si je me fie à l’expérience de mes parents qui fêteront le 50e anniversaire de mariage en 2012, je peux vous dire qu’il arrive encore, régulièrement, que l’un et l’autre ne saisissent pas les demandes de l’autre.  Si après 50 ans de vie commune, ils leur arrivent de naviguer dans le brouillard, on s’entend qu’il est normal pour les plus jeunes de se croire dans une autre dimension !

Se donner un 15

J’avoue qu’il est normal d’être impatient lorsqu’un besoin est criant et que la personne qui partage notre vie n’est pas en mesure d’y répondre rapidement et adéquatement.  Il est donc nécessaire de prendre un peu de recul ou un « quinze » chacun de notre côté.  Principe proposé par un grand voyageur lors d’une visite à l’Ile d’Orléans en 2006.  Cet aventurier a parcouru le monde en voilier avec son épouse pendant plus de 2 ans. 

Il avait sûrement détecté que moi et mon conjoint (à l’époque) venions tout juste d’entrer dans une « guerre de destruction massive ».  Il nous raconta donc son histoire.  Parcourir le monde avec ta conjointe sur un voilier d’environ 90 pieds, si une crise se pointait, il fallait absolument trouver un moyen pour éviter une altercation sans avoir à jeter à la mer un des deux ou encore, le placer sur un petit canot avec une corde de 100 pieds.  La solution, se donner un « quinze ».  Quinze minutes pour soi, chacun de leur côté, à chaque bout du bateau.  À partir de cet instant, pour ce voyage et les suivants, nous avons appliqué le principe du « quinze ». 

Je dois avouer qu’il est efficace et évite surtout de dire les mots qu’on ne pense pas, de laisser tomber la tension.  Il est beaucoup plus facile de discuter avec calme, plus simple de trouver une solution.  Il suffit de trouver le mot ou le signe pour dire que nous entrons dans le « quinze ».  Dans mon cas, je montrais ma main comme lorsque nous signifions un « stop ».  Il est préférable que je ne parle pas sinon, le flot de paroles pourrait facilement s’amplifier, dériver et même déborder.

Renée L’Abbé
5 décembre 2011