Expérience de vie

À l’état pur

Le ciel est sombre, embourbé de nuages aux diverses teintes de gris. L’air pur est saisissant ce matin. L’humidité transperce mon manteau.

Je me dis toujours qu’il ne fait pas froid, il y a juste du monde de mal habillé. Chaussure de marche hivernale, manteau de laine nouvellement acquis, gants et ma magnifique tuque noire et blanche au motif de Pierrot.

Je suis fin prête à affronter cette journée d’automne légèrement ennuyeuse.

Musique !

Mes écouteurs sur les oreilles, je mets en marche mon iPod. Je me mets en route vers ma destination en effectuant un détour pour mon propre plaisir de donner un peu de carburant à mon être. La musique envahit ma tête et lentement, tout mon corps. Ma démarche se modifie au gré de la musique, mon pas est dansant.

Au coin de ma rue, je croise le même monsieur qu’à tous les matins. Un sourire, un regard et un beau bonjour. Ma journée commence déjà bien.

J’augmente mon rythme.  Je marche d’un pas franc, vif. Je rencontre une multitude de véhicules, tous plus pressés les uns que les autres, certains impatients et d’autres lunatiques en manque de caféine ou de sommeil.

Plusieurs d’entre eux me regardent et semblent surpris de me voir marcher le long du boulevard.

Certains doivent penser que je ne suis pas chanceuse, je dois marcher parce que je n’ai sûrement pas de voiture.  Si vous saviez.  J’en ai une ! Mais, j’aime mieux faire fonctionner MA machine, l’entretenir grâce à l’exercice parce que, voyez-vous, mon corps me suivra tout au long de ma vie et j’en prends soin.

Faire un avec

Le vent et le froid caresse mon visage.  Je sens mes joues rougir. La fumée s’échappe de ma bouche en même temps que mon souffle. Mon sourire sur le visage, je suis dans ma bulle, dans mon monde musical. Mon regard est rieur.  J’oublie où je suis.  Je chante.  Et je m’en fous totalement.

Pur hasard! Des travailleurs de la construction m’ont sûrement entendu.  Ils ont cessé leur travail et regarde dans ma direction.  Je continue de sourire, espiègle comme une petite fille prise la main dans le sac.

Respire profondément l’air froid, ma musique en moi et je me sens vraiment heureuse.  Je marche.  Je suis en vie, en santé.

Un rayon de soleil transperce les nuages.  De toute beauté ! Voilà un instant de pur bonheur, sans artifice et seule avec moi-même.

Oui ! Je suis chanceuse d’être en mesure de l’apprécier. Oh oui ! Je suis heureuse, ici et maintenant.

Renée L’Abbé
19 octobre 2011