Expérience de vie

Brusque réveil

4h15.  Brusque réveil. Mon compagnon de cabine ronfle tel un tracteur de compétition.  Je ferme les yeux et je me dis que, je vais me rendormir.  Comment voulez-vous vous rendormir lorsque la compétition est sûrement de type international ! Je commence à pester intérieurement.

Soudainement, il me vient plusieurs idées : soit lancer une bouteille d’eau sur l’autre lit, le jeter par-dessus bord (personne ne s’en rendrait compte sauf peut-être lui), me jeter par-dessus bord (mais, considérant que je n’ai pas encore rencontré Jack Sparrow, je me retiens), hurler ou encore écouter mon iPod. 

Solution

Finalement, la solution du iPod semble la plus simple et me coûter le moins d’énergie.  Je prends fébrilement mon iPod, à tâtons, dans le noir total.  Cherchant mes écouteurs… merde ! Je les ai rangé dans ma sacoche… dans le garde-robe… me lève, me cogne l’orteil sur le coin du mur, je sacre très fort dans ma tête… claudique jusqu’à la porte du garde-robe, l’ouvre, fouille, trouve une valise, la deuxième puis… un espadrille… ben voyons… eurêka ! Ma sacoche ! Maintenant, trouver les écouteurs, quel compartiment? Bien entendu, c’est l’avant-dernier !…

Retourne dans mon lit, branche mon iPod et… il ouvre… fiouuuu…!  Va dans ma liste, je choisis « transe », une compilation offerte par mon ami Pierre-André que je remercie, tu me sauves la vie et celle d’un passager, je ne ferai pas la première page du journal de Montréal !  La compilation mixée dure environ 1h30.  Je mets le son juste assez fort pour enterrer les horribles ronflements.  La musique d’un rythme relativement égale me permet de dormir environ 45 minutes supplémentaires. 

Second réveil, j’ouvre les yeux, la musique joue encore, 5h30.  Je ferme les yeux, fermement, avec détermination.  Ouvre un œil.  Il est 5h45, impossible de me rendormir, la musique n’est plus assez forte, j’ai l’impression d’assister à la destruction d’une bâtisse quelconque.  Je me lève, je m’habille à l’aveuglette, en « mou », c’est plus facile, donc pantalon de yoga et t-shirt, chausse mes sandales et sort de la cabine sans bruit.  Même avec bruit, il n’y aurait pas eu de différence !  Tout le monde dort, enfin presque !  Je ne rencontre aucun membre de l’équipage sur mon pont.

Tant qu’à

Je monte au 10e pour aller au restaurant.  L’équipage travaille silencieusement.  J’entre dans la section du restaurant.  Un des chefs prépare sa place de travail en chantant, avec sa belle voix grave, sous des airs de musique jazzée.  C’est tout simplement divin à mes oreilles.  Il est trop tôt, le café coule encore. Bah, un jus d’orange fera très bien l’affaire; comme dirait ma mère, je prends des petits soldats pour combattre cette satanée grippe qui m’est tombée dessus comme un loup dans une bergerie.  Mais grâce à cette grippe, moi aussi, je suis capable d’entrer en compétition internationale ! Fiez-vous à moi !

Je lève mes yeux de mon cahier de notes et, je vois le soleil qui décide de se lever lui-aussi pour accueillir cette belle journée.  L’odeur alléchante du café m’attire tel le miel avec une abeille. Je me sers un café, déguste… mon bon café… et la vie.

Au loin, je vois également deux bateaux de croisière; naviguent-ils, eux aussi, vers la même destination ?  Nous allons à St-Thomas aujourd’hui vers l’une des dix plus belles plages au monde, Meagan’s Bay.

J’ai hâte de sentir les rayons du soleil sur ma peau, la chaleur et me baigner dans la mer.  Encore quelques heures.  Patience !  Et… ici, étrangement, j’ai beaucoup de patience sauf peut-être… contre les tracteurs…

Ma nouvelle acquisition sera bien sûr, des bouchons pour dormir et éviter un réveil !

Renée L’Abbé
18 janvier 2012