Expérience de vie Où j'en suis Reflexions

Et tombe le masque

C’était pourtant une promesse qui venait du fond de mon coeur.  Ne plus mettre de masque.  Je me suis promis de résister, de toutes mes forces à remettre un masque.  Un masque pour plaire à cette société qui nous pousse toujours plus loin, hors limite, hors champs, hors corps.  Une société qui veut des êtres qui se ressemblent malgré leurs traits personnels.  Des moutons.

Elle nous bombarde de gauche à droite ou encore par la droite ou la gauche, de messages, de rêves.  Elle nous force à vivre dans le futur. Oui ! Le futur !  Nous sommes en janvier, la mode d’été sort ainsi que les articles de sports estivaux.  En plein été, en juillet, on nous présente un automne avec son entrée scolaire.  Noël côtoie les décorations d’Halloween et, la St-Valentin celles de Pâques.  La société nous propulse dans un futur incertain, crée des besoins selon son économie et nous tend à consommer, pour nous sécuriser.  Pour être comme nos concitoyens.

Au débarras

Même si je jette aux ordures ce masque de conformité, il revient aussi fréquemment que les circulaires de la semaine.  Je le fracasse contre le plancher avant de le faire disparaître et sournoisement, il apparait sans crier gare sur mon visage.  Je me regarde attentivement dans le miroir et je vois un voile, dans mon regard.  Qui suis-je ?  Dès cet instant, je sais. Le masque revient.  Le combat, encore.  Je ressors gagnante de nouveau, mais, parfois, je suis épuisée.  Dès lors, des idées saugrenues comme acheter de nouveaux objets forts inutiles dans ma vie se frayent un chemin dans mon esprit.

Ma volonté fait que je suis en mesure de redevenir moi-même.  De cesser de désirer des objets, un mode de vie qui ne me convient pas.  Je me surveille et remets en question parce que, voyez-vous, la première phrase qui sonne le signal d’alarme dans mon cœur est quand je me dis : « elle est chanceuse elle, elle a tout! ».  Prémisse de l’envie.  Alors, je m’arrête.  Je m’observe dans le miroir et crac !

Oui, je pourrais faire comme la majorité, laisser-faire, abandonner cette lutte et me fondre dans la masse.  Mais, depuis que je suis toute petite, j’ai toujours été différente dans ma façon d’agir, de penser.  Pourquoi changerais-je ?  Pourquoi anéantirais-je autant d’année d’unicité ? Non.  Être fidèle à moi-même et à mes convictions, c’est ce qui fait que je suis encore capable de me regarder fièrement, sans voile, sans masque.  Je suis qui je suis et non, ce que la société voudrait que je sois.

Désir ou besoin

Alors, il est important de faire la différence entre un besoin et un désir.  Est-ce que j’en ai vraiment besoin ?  Est-ce que j’ai les moyens de m’offrir cet objet ? Et avant d’acheter sous l’impulsion, j’attends une journée.  Si l’envie d’acheter était pour combler un vide à l’intérieur de moi, ça va passer.  Si c’est pour combler un besoin réel de ma vie, je pourrai aller le chercher.  Il suffit un peu de patience.  Et, si vous chercher la patience, c’est comme l’amour, elle se pointe quand nous cessons de la chercher.  Un matin, elle est là, simplement.

Armons-nous de patience et d’authenticité et faisons face à cette surconsommation qui, à mon plus grand désespoir, tuera notre planète bien avant le réveil de la masse.

Seulement quand nous cessons de porter des masques, les gens nous aiment pour ce que nous sommes.

Renée L’Abbé
3 février 2013